- celle de la
scolarisation précoce, l'accueil des enfants dès deux ans, sur laquelle
s'est fondée notamment l'action des ZEP ces dernières années. C'est
une particularité française qui ne concerne que près de 35% des enfants.
Ce taux est un taux moyen Il est de 25% par exemple dans le département
de la Gironde, de 62% dans les ZEP au plan national. Le rapport Moisan-Simon
de 1997- Les déterminants de la réussite scolaire en zone d'éducation
prioritaire- fait de la scolarisation précoce un indice de performance
de réussite scolaire dans les ZEP. Mais force est de constater que d'une
ville à l'autre, d'une région à l'autres, les disparités sont réelles,
liées à des facteurs très différents. Certains voient dans la scolarisation
des deux ans (déjà inscrite dans les textes fondateurs de 1887), ou
dans l'articulation crèche - école, un apport " nécessairement positif
. " D'autres (cf. A. Bentolila, Le monde daté du 17 février 2001) se
demandent : " est-ce bien raisonnable " ? S'agit-il d'une réponse "
honorable ", décrivant de nouvelles " salles d'asile " inhospitalières
et éloignées des besoins reconnus de l'enfant de cet âge. Quel accueil
donner au seuil de l'école? Le débat porte autant sur la nécessité d'une
prise en charge par l'institution scolaire de cette petite enfance que
sur le projet éducatif à mettre en œuvre.
- celle de l'école maternelle " moyenne ", autour des apprentissages
du cycle 1 (qui inclut les débuts à l'école maternelle). Ce monde
de la maternelle s'est construit autour des fondateurs (Maria Montessori,
Pauline Kergomard) comme une école véritable, dans une tradition de
créativité et de pédagogie active permettant à l'enfant de se construire
en reconnaissant les instruments de langue, de culture, d'expression
dans des situations adaptées. Cette école à forte identité a sa propre
culture pédagogique, équilibre subtil d'autorité et de liberté, d'accompagnement
du développement de l'enfant par des expériences et des découvertes.
Elle souffre actuellement d'un manque de relais entre les pratiques
reconnues et leur renouvellement. Les demandes nouvelles adressées à
l'ensemble du dispositif scolaire ainsi que l'évolution sociétale, dont
la " pratique " de l'école maternelle, en modifient la portée. C'est
ainsi que la fréquentation forte de cette école qui accueille la quasi
totalité des enfants de trois à six ans (on arrive à une école fréquentée
pendant 4 années) contribue à créer des déplacements au sein des apprentissages,
à changer les équilibres d'abord conçus autour des petite, moyenne et
grande sections, à en changer également la portée. Cet effet de réussite
(l'école maternelle reçoit l'image d'école nécessaire) lui donne des
rôles nouveaux, dont celui d'assurer la continuité en permettant aux
enfants qui tirent les fruits de cette construction efficace d'accéder
aux apprentissages fondamentaux là où ils sont prêts.
1Texte
publié dans Esquisse, n°16, sept. 2001, pp. 4-8 (Revue en ligne sur
le site de l'IUFM d'Aquitaine)
2 BO n°8 du 21 Octobre 1999
3F.Dajez, E.Plaisance, " Education de la petite enfance et
école maternelle ", Perspectives documentaires en éducation, n°27, INRP,
1992.
4Spectre large lié au développement propre des enfants :
de 2 à 6 ans, plusieurs modes d'enfance sont concernés.
5L'éducation maternelle dans l'école, Paris, Hachette, 1986,
p.296.
6 L'enfant, Denoël/Gonthier, 1990, première édition, 1936.
7Ecole et savoir dans les banlieues et ailleurs.., Bernard
Charlot, Elisabeth Bauthier, Jean Yves Rocheix, A.Colin 1995.
8 Le développement de l'enfant, savoir dire savoir faire,
PUF,1983, p. 283.
9 Le terme de famille mériterait un même examen.